Un sujet a fait l'objet de plusieurs billets sur la blogosphère. Il s'agit de l'ouverture des magasins le dimanche et, partant de là, du travail du dimanche.
Tout d'abord, quelques précisions données par Gérard Filoche, inspecteur du travail :
C'était le 13 juillet 1906 : après un siècle de débat, l’Assemblée nationale, à l’unanimité, votait le principe du repos dominical pour les travailleurs. Ce fut un accord national, entre toutes les composantes de la société. Le Code du travail affirma qu’il était " interdit d’occuper plus de six jours par semaine un même salarié ". (art. L 221-2 du Code du travail). Un système de dérogation fut construit.
Avec le temps, il a évolué et la loi de 1994 a fait passer, déjà, le nombre de trois dimanches autorisés d’ouverture, à cinq dimanches. Des dérogations ont été rendues possibles pour " les zones touristiques d’affluence exceptionnelles ou d’animation culturelle permanente dans les établissements qui mettent à la disposition du public des biens et des services destinés à faciliter son accueil ou ses activités de détente ou de loisirs, d’ordre sportif, récréatif ou culturel.
Bien sûr, comme il le dit sur son blog, les possibilités de dérogations sont assez vagues pour être interprétées largement. Bien sûr également, au nom de la liberté, Nicolas Sarkozy, ainsi que sa copine du MEDEF, sont favorables à l'ouverture des magasins le dimanche. Bon, ils ne précisent pas que c'est surtout au nom de la liberté des propriétaires de magasins et non pas de celle de ceux qui travaillent dans ces magasins, même si le désir de gains supplémentaires des uns rejoint parfois la volonté de gonfler le chiffre d'affaires des autres.
Agnès, dans un billet du Monolecte, cerne très bien le danger de la banalisation du travail du dimanche qui risque d'amener, à terme, la suppression du dimanche comme jour de repos.
Cependant, sur cette affaire, tout en partageant leurs craintes, je m'éloigne un peu des idées de ma famille de pensée que représentent ces deux personnes.
En effet, j'ai travaillé, un temps de ma vie, en horaires décalés, les samedis, les dimanches et les jours fériés. Et je me suis fait la réflexion que le fait que le ou les jours de repos bloqués en fin de semaine, pour tout le monde, avait certes ses avantages : tout le monde libre de se réunir au même moment, mais possédait également pas mal d'inconvénients : tout était fermé au même moment (sauf exception), les magasins, les administrations, certains lieux de loisirs, des villes entières devenaient "mortes", et tout le monde se retrouvait dans sa petite boîte à roulettes, le dimanche soir à passer 4 heures pour faire les 150 bornes nécessaires à regagner ses pénates bloqué sur la route avec 398524 frères et soeurs de bouchons.
J'ai alors imaginé que la société devienne assez intelligente pour bouleverser ses habitudes en faveur du plus grand nombre. Supposons que nous acceptions de travailler le dimanche, faisons-le alors en échange d'une contrepartie, 32 heures de travail répartis sur 4 jours, ce qui laisserait 3 jours de repos. Par contre, ces trois jours de repos ne seraient pas toujours les mêmes pour tout le monde; on pourrait organiser un roulement intelligent, sur la base du volontariat, afin que les jours de travail s'étalent sur la semaine, 7 jours sur 7. Tout est ouvert, magasins, administrations, écoles, usines, bureaux, ateliers, piscines, cinémas, théâtres, lieux de loisirs, tous les jours et il y a, pour tout le monde, 4 jours de travail et 3 jours de repos.
Il faut évidemment que tout le monde y trouve son compte: les salariés, les couples, les parents et les enfants, les familles, les entrepreneurs. Cela suppose une réorganisation totale de la société. Cela suppose également le plein emploi puisqu'il faudra embaucher partout massivement. Les coûts supplémentaires devraient être compensés par des gains de productivité (on travaille mieux lorsqu'on travaille moins), des machines fonctionnant 7 jours sur 7, donc plus rentables, la disparition du chômage, de ses coûts financiers et de ses conséquences humaines désastreuses, des échanges commerciaux mieux répartis sur la semaine, une diminution de stress et encore des trucs à inventer.
Gros effort à faire dans l'entreprise puisqu'il faudra qu'elle accepte que ses salariés, surtout lorsqu'ils vivent en couple et que le couple travaille, organisent eux-mêmes leur temps de présence. A l'Education Nationale, l'effort sera multiplié puisqu'il faudra qu'elle tienne compte des contraintes de l'entreprise qu'elle est avec ses employés, les enseignants, mais également qu'elle adapte ses programmes à une école ouverte 7 jours sur 7; le corollaire est le désengorgement des classes qui deviendront ainsi plus vivables pour les uns et pour les autres.
Lorsque j'ai proposé cela sur des blogs et forums divers, j'avoue ne pas avoir rencontré beaucoup d'enthousiasme. Les plus gentils se sont retenus pour ne pas me traiter de cinglé. Certains se sont arc-boutés sur le sacro-saint dimanche et n'ont pas voulu en démordre; je reste persuadé que d'autres, dans leur fors intérieur, ont pensé aux promenades dominicales tristounettes dans les rues désertes des villes, aux queues interminables sur la route pour partir ou revenir de vacances ou pour rentrer chez soi en fin de week-end, aux interminables files d'attente de la poste ou des caisses de supermarché le samedi, aux incroyables difficultés de dégager un créneau pour aller chercher ce foutu papier à la Préfecture, au sentiment d'écrasement qui nous envahit lorsqu'on se trouve tous au même moment au même endroit.
Tout cela relève aujourd'hui de l'utopie. On arrivera à cette société avec du temps, il faudra avancer par paliers, être tolérant, expliquer, écouter et comprendre. Et lorsque le but sera atteint, il faudra alors penser à une modification de cycle permettant d'obtenir 4 jours de travail et 4 jours de repos ou de loisirs. Parce que si d'aucuns prétendent que le travail enrichit l'homme, moi je dis qu'il ne faut pas en abuser.
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