samedi 28 février 2009

Echange de courrier

J'ai reçu l'autre jour une missive de la sécurité sociale. Je vous la présente ci-dessous.

ss

La signataire est une certaine Laure P.

Un peu vexé par le manque de confiance qu'induit un tel courrier, je m'apprêtais à rédiger une réponse cinglante. Puis j'ai pensé que j'allais m'adresser à une fonctionnaire que ma colère laisserait probablement de marbre. J'ai donc décidé de me faire plaisir et je leur ai envoyé cette réponse :

Ma chère Laure,

Je viens de recevoir votre courrier du 18 février ayant pour objet mes arrêts de travail de l’année 2008. Vous en avez comptabilisé trois.

Un retour sur l’année passée me remet en effet en mémoire une péricardite sèche qui m’a valu une journée aux urgences de l’hôpital de Melun ainsi qu’une journée d’hospitalisation et 3 ou 4 jours de repos à domicile. Me revient également une déchirure musculaire qui m’a permis de tester les joies du déplacement en fauteuil roulant pendant 2 jours (la location du fauteuil étant entièrement à ma charge car dans le souci de ne pas creuser le déficit chronique dont vous jouissez, je n’ai demandé aucun remboursement) suivi de trois jours de repos, toujours à mon domicile. A ma grande honte, je ne me souviens plus de la cause du 3ème arrêt. Ce devait être sans doute une broutille, le genre de grippe qui vous colle deux jours grelotant sous la couette avec un équivalent TGV effectuant le trajet oreille droite/oreille gauche et retour plusieurs fois par jour.

Bref, vous semblez me reprocher ces trois arrêts et vous me menacez d’un « plan de contrôle des arrêts de travail » générant un examen attentif de votre service médical.

J'ignore de quoi est fait cet « examen attentif » sinon qu’il correspond à une méfiance envers mon médecin traitant qui me paraît être (pour les trois fois que je l’ai vu l’an dernier) un parfait honnête homme ne tenant pas plus que vous à grever les comptes sociaux du pays. Peut-être s’agit-il d’une visite à domicile d’un de vos médecins afin de vérifier le bien fondé d’un éventuel arrêt.

Je tiens à vous dire que je n’ai rien programmé pour 2009. Cependant, je passe deux heures par jour, en moyenne, sur la route, je travaille 35 heures par semaine (eh oui, je fais partie de ces fainéants qui jugent que la vie de famille a une certaine importance) dans un open-space dont la climatisation assure une parfaite diffusion des germes inhérents à un endroit fréquenté par quelques dizaines de personnes dont l’hygiène sanitaire n’est pas automatiquement garantie et je sors parfois me mélanger à une population dont les efforts prophylactiques me sont inconnus. D’autre part, malgré une hygiène de vie que j’estime saine, il se trouve que j’aime bien manger (plusieurs fois par jour). Je comptais cette année passer une coloscopie (la dernière date d’il y a 8 ou 10 ans), il paraît que c’est très fun comme exercice, mais je m’en abstiendrai, car la découverte d’un hypothétique cancer bouleverserait l’emploi du temps de votre vérificateur. Enfin je voudrais vous rassurer en vous promettant de faire mon possible pour éviter toute maladie transmissible (même non sexuellement), ne voulant pas, par contagion involontaire, vous priver d’un personnel certainement très utile.

Cette année, en novembre, j’arrêterai toute activité salariale après 43 années de cotisation ; je vous libèrerai donc ainsi de la préoccupation de surveiller mes arrêts maladie.

Voilà chère Laure, j’espère vous avoir rassurée et surtout sachez que j’ai fait totalement l’impasse sur ce que votre courrier avait de blessant et d’insultant pour n’en retenir que le côté utile en matière de chasse aux malades tricheurs, ces malades qui font preuve d’un esprit antigouvernemental en réclamant, malgré les problèmes financiers qui assaillent en priorité nos élites, des remboursements ou des arrêts de travail dont ils pourraient très facilement se passer.

Je vous prie de recevoir, chère Laure, les respectueux hommages d’un cotisant pour le moment en pleine forme.

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