mardi 26 juin 2007

Lutte des classes

J'ai parfois vraiment du mal à comprendre mes contemporains.

L'autre jour, au bureau, la conversation est venue sur le "reniement" de Ségolène Royal de la mesure qu'elle avait faite sienne d'un SMIC brut à 1500 euros. Les collègues autour de moi, des gens qui touchent deux SMIC à tout casser étaient très satisfaits que cette exigence soit rejetée par la candidate. Ca les chiffonnait ce SMIC à 1500 euros. Ca allait augmenter considérablement la dette, ça allait influer sur la mauvaise santé des finances de la France, ça allait nous mettre en queue de peloton des pays économiquement avancés, bref, c'était la catastrophe.

Je leur ai posé alors la question du bouclier fiscal : une mesure qui va coûter beaucoup d'argent, qui va faire quasiment disparaître l'ISF (en douce, pour ne pas choquer). Eh bien ça, par contre, ça ne les gène pas. Qu'une bande de happy few en croque comme c'est pas possible, au point que personne, à ma connaissance a réellement calculé le préjudice pour l'Etat car il y a l'espoir qu'ils investissent une partie de leur fortune pour le plus grand plaisir du contribuable, ne dérange personne.

Que le voisin de bureau ou d'atelier ou d'usine, par contre, risque de se faire 10 euros de plus par mois, là, ça en défrise plus d'un.

Les préservés, par contre, c'est normal, ça n'est pas le même monde, entre eux ils peuvent faire ce qu'ils veulent, se faire des cadeaux, se partager le pouvoir, qu'importe si ça nous coûte à nous, le principal c'est que lorsqu'on regarde en bas on y voit encore quelqu'un.

On me reproche souvent dans ce type de conversation de vouloir relancer une éventuelle lutte des classes. Mais non, elle ne risque pas d'avoir lieu cette lutte des classes; la classe d'en bas est résignée, elle a pris acte de l'existence d'une caste à qui tout est dû; elle comprend, cette classe du bas, qu'il est normal que d'autres profitent de ce qui est interdit au plus grand nombre. Et eux, ils nous observent du haut de leur standing, ils nous regardent vivre, ils nous regardent plutôt essayer de survivre dans les difficultés multiples qui se présentent à nous et dont ils sont épargnés.

De notre côté, enfin je veux dire du côté des moins nantis, l'important ne semble pas d'être heureux, ce qu'il faut surtout, c'est qu'il y en ait de moins heureux que nous. Et le profiteur, ce n'est pas celui qui provoque des licenciements à cause d'une gestion déplorable et qui, bavant devant l'appât du gain, part avec quelques millions d'euros en guise de remerciements; non, le profiteur, c'est l'assisté qui touche son RMI alors qu'il pourrait travailler.

Comme disait Philippe Meyer, on vit vraiment une époque formidable où le futur ne manque pas d'avenir.

chien

Crédit photo : René Maltête

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